Si vous pensez trouver dans cette vidéo un guitariste faisant étalage de ses facultés techniques, avec des picados à la vitesse de la lumière, des rythmes avec des contretemps impossibles, etc., détrompez-vous : dans la musique d’un génie comme Rafael Riqueni, la technique est au service de l’art et non pas à l’inverse (comme cela est malheureusement habituel…). En revanche, nous vous promettons que ce que vous y trouverez, c’est une cours magistral d’harmonie et composition qui enrichira vos connaissances et votre langage musical et vous ouvrira de nouveaux horizons de créativité.

Rafael Riqueni est né le 16 août 1962, dans la rue Fabié du quartier de Triana (Séville). À peine âgé de 12 ans, il fait ses premières représentations de guitare flamenca comme soliste. Deux ans plus tard (à 14 ans), il remporte les deux principaux prix nationaux de guitare, le prix Ramón Montoya de Guitare de Concert du VIIIe Concours de Cordoue et le premier prix de la VIe Rencontre nationale de Xérès, dont il regagne le premier prix en 1981.

En 1986, Rafael Riqueni publie le premier chapitre de ce qui sera par la suite l’une des discographies les plus applaudies de l’histoire de la musique espagnole : Juego de Niños, dans lequel il introduit des concepts innovants d’harmonie et de composition qui commencent à définir son style musicale aux influences classiques, si personnel et reconnaissable.

Son deuxième disque, Flamenco, devient un objet de culte pour les nouvelles générations de guitaristes. Rafael Riqueni surprend avec un travail de guitare seule, avec un regard purement flamenco dans lequel il apparaît comme un virtuose. José Manuel Gamboa (prestigieux journaliste, écrivain et producteur musical espagnol spécialisé dans le flamenco) a dit que Villa Rosa du disque Flamenco est probablement la meilleure Minera jamais enregistrée.

La consécration définitive a lieu en 1990 avec Mi Tiempo, où Rafael Riqueni compose de nouveaux titres qui confirment la ligne évolutive d’un nouveau génie de la guitare.

L’album suivant est Suite Sevilla de 1992, une œuvre conceptuelle s’inspirant du flamenco et conçue sous la baguette classique du nationalisme musical espagnol.

En 1994, Rafael Riqueni publie Maestros, dans lequel il rend hommage à Niño Ricardo, Esteban de Sanlúcar et Sabicas.

En 1996, Alcázar de Cristal devient le dernier travail de Riqueni en vingt et un ans. Cette retraite est due à une tragédie personnelle dont il souffre les pires conséquences ; ses apparitions se font rares et se produisent surtout avec Enrique Morente. Après sa rencontre avec Paco Bech, c’est en 2014 que la Biennale de Flamenco devient la scène de la réapparition si attendue du maestro. Son interprétation d’Amarguras avec Paco Jarana et Manolo Franco est un des moments les plus applaudis du festival. Rafael Riqueni recevrait le Giraldillo a la Maestría « pour sa musique universelle si sévillane, qui le place parmi les grands maestros de l’histoire de la guitare ».

Parque de María Luisa. Fin 2015, il interprète au théâtre de la Maestranza un concert qui est un succès historique et reçoit l’acclamation unanime de la critique. Le nouveau disque de Riqueni est publié avec Universal Music en juin 2017. Parque de María Luisa représente ainsi le retour de l’un des plus grands génies issus du flamenco et de la musique espagnole. Le chapitre suivant si attendu dans l’évolution musicale de Rafael Riqueni, la réinvention qui ne cesse jamais. Une œuvre qui libère l’impressionnisme qui peut surgir des racines flamencas pour entreprendre un chemin vers l’incroyable beauté de la somme des lieux et des expériences qui demeurent dans la mémoire la plus intime du créateur.

La musique de Rafael Riqueni prend comme base le flamenco et son style évolue avec des influences de musique classique et de musiques contemporaines, un processus que l’on devinait déjà dans son premier disque et qui est évident dans Mi Tiempo.​ D’après Norberto Torres, la musique de Rafael Riqueni a des caractéristiques qui présentent une ressemblance avec l’esthétique romantique : le contraste avec les règles qui la précèdent musicalement, la complication et l’élargissement des processus modulants, le sentimentalisme et le concept nouveau de l’harmonie, du rythme, de la mélodie et de la conception. Rodo Sellés parle de musicalité inné et de style précieux.

Dans la production d’aujourd’hui, nous vous offrons des alegrias, présentes dans le nouveau disque, qui mettent en lumière la capacité créative infinie et le savoir musical de ce génie contemporain de la guitare flamenca. Une vidéo enregistrée avec une guitare du constructeur Miguel Rodríguez de 1968, qui a accompagné le maestro pendant une bonne partie de sa carrière et qu’il retrouve à Solera Flamenca après une longue séparation ; une belle histoire de retrouvailles qui ont précédé l’enregistrement de cette production historique que nous vous offrons ci-après.