2e REMISE : CORRESPONDANCE INÉDITE ENTRE MANUEL DE FALLA ET MIGUEL LLOBET


Récemment, Solera Flamenca a publié le contenu d’une lettre manuscrite inédite de Manuel de Falla adressée à Miguel Llobet, une lettre d’une grande valeur historique et culturelle que nous avons acquise et décidé de montrer au monde entier vu son importance.

En plus de cette lettre, l’illustre compositeur en envoya dix autres à Miguel Llobet et nous avons décidé de les publier à partir d’aujourd’hui.

Tous les dix jours, nous publierons une lettre manuscrite transcrite par notre collègue et ami Santiago Míguez de la Rosa, avec une explication et un petit reportage photographique de celle-ci.

Sans d’autres préambules, voici la deuxième de ces lettres qui réécriront incontestablement l’histoire de la guitare espagnole à jamais.

Madrid, le 19 août (1)920

Très cher ami,

Alors que j’avais déjà posté ma carte postale ce matin, j’ai reçu votre aimable lettre. Vous ne pouvez imaginer ma joie en la lisant et je regrette de ne pas avoir le temps (car je ne veux pas manquer la levée du courrier) de commenter comme il faut votre amitié et votre bonté quand vous parlez de mon travail. Je réponds donc rapidement à vos questions.

La simplicité de l’écriture est tout à fait voulue et quand je ferai une adaptation pour piano de la pièce je n’ajouterai rien à ce que j’ai écrit.

Ceci ne veut pas dire que, si je l’avais composée directement pour le piano, je n’aurais pas fait autre chose : je l’aurais sûrement fait ; mais dans ce cas, m’étant limité à ce que je pouvais entendre sur la guitare, mon intention n’était autre que ce que j’ai réalisé.

Néanmoins, comme j’aurais sûrement fait autre chose si je pouvais jouer moi-même de l’instrument, et profitant de votre proposition, je vous prie de m’indiquer tout ce qui vous semblera pertinent, soyez sûr que je vous en serai reconnaissant et que cela me sera très utile.

TIl en va de même pour les indications concernant purement la guitare (cordes, glissés, etc.). Ceci pour ce qui est purement nécessaire car ensuite, quand la pièce sera publiée à part (comme vous le savez, elle fait maintenant partie d’une collection en l’hommage de Debussy), elle sera alors publiée comme il le faut, et autorisée, si vous me le permettez, avec votre nom.

Veuillez saluer de ma part votre épouse. Mon frère et ma sœur vous envoient le bonjour et moi une accolade avec toute mon amitié et admiration.

Manuel de Falla

Heureusement, la correspondance entre Falla et Llobet n’a pas disparu et la trouvaille de Solera flamenca de dix nouvelles lettres en est la preuve.

Voici la première de la série, qui fut écrite cinq jours avant celle que nous avions déjà publiée. Falla nous surprend de nouveau quand il révèle à Llobet que, dans la version pour piano, il ne rajoutera rien à ce qui est déjà dans la version originelle pour guitare, reconnaissant que, s’il pouvait jouer lui-même de l’instrument, il aurait sûrement fait autre chose, reprenant donc le conseil d’Hector Berlioz dans son Grand traité d’instrumentation et d’orchestration modernes de ne pas composer pour la guitare si l’on n’est pas guitariste. D’où, sûrement, la simplicité de l’écriture dans son Hommage.

 

 

Santiago Míguez de la Rosa